Les Echos : TRIBUNE
Opinion | Élections américaines : la probable victoire de Donald Trump
En dépit des sondages défavorables, le mécanisme des Grands Électeurs avantage Donald Trump.
Par Anthony Lacoudre (avocat)
Publié le 21 oct. 2020
Des sondages défavorables
Les derniers sondages publiés par les grands instituts donnent pour certains d’entre eux jusqu’à 12 % d’avance pour Joe Biden à l’échelle nationale. On se souviendra que le même phénomène avait été observé en octobre 2016, amenant le New York Times à prédire qu’Hillary Clinton avait 93 % de chances de gagner l’élection présidentielle. Et l’on sait que Donald Trump est finalement arrivé en tête dans 60 % des États.
Ces sondages, à dessein ou non, sont trompeurs. En cause, la composition suspecte des groupes de personnes sondées ou encore le fait que dans le climat actuel de bipolarisation politique exacerbée, de nombreux sondés n’osent pas avouer aux sondeurs leur vote pour Donald Trump. Il n’en reste pas moins que Joe Biden, comme Hillary Clinton en 2016, emportera vraisemblablement le vote populaire.
L’élection à portée de main pour Donald Trump
Toutefois, le 3 novembre prochain, Trump devrait emporter une majorité des Grands Électeurs (il lui faut obtenir plus de 269 Grands Électeurs). Il va en effet arriver en tête dans la grosse vingtaine d’États traditionnellement républicains (Alaska, Texas, Utah…) ainsi que dans l’Arizona, en Floride, dans l’Iowa et dans l’Ohio (tous les quatre emportés par Trump en 2016, pour certains d’entre eux avec 8 % ou même 10 % d’avance sur Hillary Clinton), ce qui lui garantit 260 Grands Électeurs. Il ne lui manque plus que 10 Grands Électeurs à ce stade.
De son côté, Biden va emporter la petite vingtaine d’États traditionnellement à gauche (Californie, New York, Washington…) si bien qu’in fine, il ne reste plus que quatre États en jeux : Michigan (16 Grands Électeurs), Minnesota (10 Grands Électeurs), Pennsylvanie (20 Grands Électeurs) et Wisconsin (10 Grands Électeurs).
Il suffit donc à Donald Trump d’emporter seulement l’un de ces quatre États pour être réélu pour un nouveau mandat de quatre ans. Pour mémoire, en 2016, il a emporté (sur le rasoir) trois de ces quatre États (Michigan, Pennsylvanie et Wisconsin) et a perdu dans le Minnesota à 1,5 %.
Vers un Congrès divisé ?
Côté Chambre des Représentants, les démocrates devraient conserver peu ou prou leur majorité actuelle, avec sans doute des gains de la part des républicains, mais en nombre insuffisant pour combler le déficit actuel de 34 députés.
Quant au Sénat, sur les 35 sièges à pourvoir le 3 novembre (sur 100 sénateurs), les républicains l’emporteront logiquement dans les États traditionnellement à droite, y compris en Alabama (Tommy Tuberville), en Caroline du Sud (Lindsey Graham) et dans le Kentucky (Majority Leader Mitch McConnell). En parallèle, ils vont probablement perdre en Arizona, dans le Colorado et dans le Maine, ce qui correspondra à 47 sénateurs républicains. La majorité de 51 sénateurs sera alors atteinte si les républicains l’emportent dans les trois États suivants, à savoir en Caroline du Nord, en Géorgie (où deux sièges sont en jeu) et dans l’Iowa, ce qui est assez probable.
Si les démocrates l’emportent dans l’un de ces trois États, le Sénat sera alors composé à égalité de 50 sénateurs démocrates et de 50 sénateurs républicains. Dans ce cas, le nouveau vice-président sera titulaire du droit de vote pour départager les sénateurs.
Anthony Lacoudre