Source: Vice.com
On a demandé au représentant du FN en Amérique du Nord pourquoi des expatriés français devraient voter pour Marine Le Pen
Les Français voteront cette fin de semaine pour élire un nouveau président de la République. Ils ont maintenant le choix entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Comme vous le savez sûrement, il y a beaucoup de Français au Québec, et ils ont été nombreux à voter aux élections de la première ronde, en avril.
Si la diaspora française au Québec représente, de près ou de loin, les intérêts politiques de la France, forcément, il doit y en avoir qui ont voté pour Marine Le Pen. Les résultats montrent d’ailleurs qu’elle a récolté environ 6 {772ebccb16512cc4ddd0dc5a9e8614db5173c83812d41df575a00a1c46392015} des voix à Montréal et près de 14 {772ebccb16512cc4ddd0dc5a9e8614db5173c83812d41df575a00a1c46392015} à Québec.
Mais qu’est-ce qui pourrait bien pousser des immigrés à vouloir voter pour quelqu’un qui a une position anti-immigration très claire? Et, surtout, qu’est-ce qu’ils en ont à battre, puisqu’ils habitent désormais ici?
Pour répondre à mes questions, j’ai contacté Denis Franceskin, responsable du Front National (FN) en Amérique du Nord. Français d’origine, M. Franceskin réside aujourd’hui aux États-Unis, dans le New Jersey, où il est directeur des exploitations chez Life Time Fitness.
VICE : Depuis quand le FN est-il représenté en Amérique du Nord?
Denis Franceskin : Ça fait quelques années, je dirais une bonne dizaine d’années. J’en fais partie depuis presque cinq ans et, depuis le début de 2017, je suis secrétaire national pour les Français du monde entier.
Est-il plus difficile de convaincre les gens outre-mer et les expatriés de voter FN?
C’est vrai qu’il y a une particularité en Amérique. Pour résumer : aux États-Unis, on a un électorat bourgeois de droite, donc ces gens-là votent pour la droite financière. Au Canada, ce sont plus des étudiants portés vers la gauche de Macron et même Mélenchon.
Lors de votre récent passage au Québec, avez-vous rencontré des gens qui avaient exprimé le désir de retourner en France si Mme Le Pen était élue?
Quelques-uns oui, mais j’ai surtout rencontré des étudiants. Mais oui, effectivement, il y a des gens qui, avec les changements, envisageraient un retour en France. Ce qui est normal. Si quelqu’un vient par exemple aux États-Unis pour ouvrir un commerce ou une entreprise qui est trop difficile à ouvrir en France à cause des taxes et de la bureaucratie, évidemment, si Marine est élue et qu’on redonne la chance aux Français de prospérer, certains reviendront. Je ne suis pas du tout choqué par cette logique.
Elle a eu de meilleurs résultats au Canada cette fois-ci qu’à l’habitude, ces résultats vous étonnent-ils?
Il y a eu une évolution, mais aussi plus de travail de terrain ces dernières années. Il y a aussi une chose : vous avez des gens qui vivent au Canada qui sont expatriés, et d’autres qui font leurs vies au Canada. Ce sont deux types de gens différents, mais qui, malgré tout, ont de la famille en France, avec qui ils discutent et comprennent que la vie est plus dure en France.
Vous savez, si vous parlez avec des gens, surtout au Québec et à Montréal, et vous leur demandez s’ils comptent retourner en France, ils vous diront en très grand nombre : « Non, la France, c’est terminé. » Mais ils ont souvent une plus grande connexion avec la France [que les expatriés autre part]. C’est donc normal que plusieurs aient choisi Marine pour les représenter, pour le bien de leur famille qui est encore en France.
Ne voyez-vous pas une dichotomie à être un immigrant qui vote pour quelqu’un qui essaie d’empêcher l’immigration en France?
Vous faites la même erreur que lorsqu’on parle de mondialisation versus mondialisme. L’immigration a toujours existé. Des gens sont partis, ils se sont rencontrés, ont fondé des familles. C’est un phénomène qui a toujours existé.
Mais il faut en comprendre l’origine. En France, les immigrants sont arrivés de manière massive dans les années 70. Pourquoi? C’étaient les années 70, ce n’était pas à cause de la guerre ou quoi que ce soit. Aujourd’hui, on sait pourquoi : c’est à la demande du patronat, qui voulait faire venir des travailleurs immigrants moins bien payés pour se remplir les poches. Les politiciens qui étaient au pouvoir à ce moment-là ont travaillé avec eux, et on s’est vite retrouvé dans une situation qui n’est pas soutenable.
Et ce n’est aucunement de la faute des immigrants. C’est celle du système d’immigration. Il y a deux grands problèmes avec ce système-là.
Le premier, c’est l’accueil massif. On en prend plus que ce que l’on peut supporter. Et c’est de la faute du système, pas celle des immigrants.
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