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DE FRANCE/ “Bayrou est vert comme Macron, pour sauver la voiture il faut un nouveau pacte de droite-centre”
Le gouvernement français de Bayrou suit fidèlement le green comme Macron. Au lieu de cela, le Green Deal doit être complètement révisé
Int. Marianna Rocher Publié le 30 janvier 2025
La France et l’Italie devraient se donner un main pour demander à l’UE de revoir le plan de production exclusive de voitures électriques à partir de 2035 et le Green Deal. Le gouvernement actuel de Bayrou a donné quelques signaux timides de changement d’adresse pour tenter de sauver le secteur automobile. En réalité, ce ne sont que des mots, explique Marianna Rocher, membre du RN pour la huitième circonscription (Italie, Grèce, Israël, Turquie, Chypre, Malte), absolument insuffisants pour soutenir fortement un secteur qui vaut 13-14 millions d’emplois. Pour défendre le secteur, l’UE devrait choisir la ligne américaine, avec des droits de douane à 100 % sur les voitures chinoises, et un allégement du fardeau bureaucratique et des impôts pour les entreprises européennes.
Le ministre Marc Ferracci a déclaré que l’Italie et la France veulent une politique industrielle européenne moins naïve pour protéger des secteurs tels que l’automobile. Paris et Rome peuvent-ils avancer ensemble dans ce domaine ?
La France et l’Italie partagent une vision stratégique pour protéger l’industrie européenne, notamment face à la concurrence chinoise. Cette position commune est d’autant plus cruciale que l’on considère que l’emploi est une question importante, avec 13 à 14 millions d’emplois dans le secteur automobile en Europe. Grâce à notre groupe de patriotes européens, après les élections européennes, les droits de douane sur les importations de voitures chinoises ont été augmentés de 10% à 35%, démontrant la volonté d’agir concrètement, même si cette mesure reste modérée par rapport aux 100 % de taxes appliquées par les États-Unis.
La France, bien qu’elle soit un pays leader dans l’industrie automobile, ne s’était pas encore engagée à modifier les politiques de Bruxelles. Pourquoi ce changement de perspective ?
La situation actuelle représente une menace majeure pour notre souveraineté industrielle. Notre groupe, les Patriotes (le troisième groupe le plus important du Parlement européen), mène une lutte cruciale contre le Green Deal. Ce plan représente l’un des plus grands programmes de décroissance que notre continent ait jamais connus. C’est pourquoi il est impératif que l’Europe agisse rapidement pour protéger ses citoyens. Le Green Deal suscite des inquiétudes légitimes quant à ses conséquences économiques et sociales, notamment dans le secteur automobile. L’Europe ne peut plus être l’otage d’une idéologie de la décroissance. Dans ce contexte, nous demandons une révision du calendrier de l’interdiction de vente des voitures à combustion interne, fixé à 2035
Ferracci affirme vouloir maintenir l’interdiction de production des véhicules non électriques dans l’Union européenne à partir de 2035, mais s’interroge sur la voie à suivre pour y parvenir. Qu’avez-vous l’intention de faire ?
Marc Ferracci, représentant du macronisme, maintient une position alignée sur l’interdiction européenne de la vente de véhicules à combustion interne en 2035, tout en suggérant de réfléchir aux modalités de mise en œuvre. Cette position illustre la continuité avec la politique d’Emmanuel Macron et est conforme aux directives d’Ursula von der Leyen à Bruxelles. L’approche reflète la stagnation du gouvernement actuel qui, fidèle aux politiques de Macron, ne propose aucun changement réel pour les Français. Il perpétue une politique qui n’aborde pas les véritables questions de souveraineté industrielle et de besoins des citoyens.
Est-il suffisant de modifier le calendrier du plan pour la voiture verte, en évitant pour le moment les sanctions pour les entreprises qui ne produisent pas le nombre de véhicules électriques fixé par l’UE ? Ou avez-vous besoin d’une révision plus large ?
La question va bien au-delà du simple calendrier de transition vers les voitures électriques. Elle nécessite une refonte complète du Green Deal, qui impose des milliers de règles restrictives à nos entreprises et à nos start-ups, menaçant directement notre compétitivité et nos emplois. Une refonte profonde et structurelle doit être mise en œuvre, qui comprend non seulement la révision du calendrier 2035 pour les véhicules à combustion interne, mais aussi une réduction significative des taxes et des contraintes réglementaires pour l’industrie. Une augmentation substantielle des taxes sur les importations chinoises, à l’instar de ce qui se passe aux États-Unis, est également essentielle pour protéger notre industrie.
Le gouvernement Bayrou a envoyé un mémorandum à la Commission européenne pour demander un moratoire sur la transition écologique. La France veut-elle remettre en question l’ensemble du Green Deal ?
L’initiative émane du groupe des Patriotes pour l’Europe, qui a envoyé le 28 janvier une proposition formelle aux présidents des groupes PPE-ECR-ESN du Parlement européen. Jordan Bardella, en tant que président du groupe, a proposé une coalition pour suspendre le Green Deal. Nos conclusions : l’UE risque d’être marginalisée par les États-Unis et la Chine, les conséquences économiques et sociales du Green Deal suscitent de sérieuses inquiétudes dans toute l’Europe, les récentes révélations de la presse néerlandaise sur le financement des ONG environnementales par la Commission européenne et leurs pressions sur les députés européens remettent en question la légitimité des choix politiques faits. Cette initiative propose une alternative politique concrète, avec une majorité potentielle composée des groupes PPE-PFE-ECR-ESN.
Cette nouvelle ligne politique a-t-elle le soutien nécessaire en France pour avoir du poids au niveau européen ?
La position du gouvernement voulue par Macron maintient l’alignement avec les directives européennes et le calendrier de 2035 pour l’interdiction des véhicules à combustion interne. Cette continuité politique démontre un manque d’action face aux défis de la souveraineté industrielle. Le gouvernement poursuit une politique de mise en œuvre des directives de Bruxelles sans remettre en cause le Green Deal ou son impact sur l’industrie française.
Quels sont les risques pour l’industrie automobile française en termes de production et d’emploi et comment relancer le secteur ?
L’industrie automobile française est confrontée à des défis majeurs. La situation est particulièrement préoccupante pour les 40 millions d’automobilistes français qui dépendent de la voiture pour travailler et subissent déjà les effets d’une politique punitive : augmentation des taxes sur les carburants, création de zones à faibles émissions dans les grandes villes et une prolifération de contraintes pénalisant surtout les classes ouvrières et moyennes. Face à ces défis, il est indispensable de réduire considérablement les taxes pour les constructeurs automobiles et de réduire les contraintes réglementaires. Pour préserver la mobilité, il convient également d’envisager l’assouplissement des restrictions de circulation dans les zones urbaines.
Devrait-il y avoir d’autres fusions entre les grands constructeurs automobiles ?
Les fusions entre constructeurs automobiles doivent être considérées dans l’optique du patriotisme économique européen et de la souveraineté industrielle. L’objectif est de créer des champions capables de rivaliser au niveau international, en particulier avec les fabricants chinois bénéficiant d’un soutien substantiel de l’État. Cette consolidation doit préserver les emplois en Europe, protéger le savoir-faire industriel et renforcer la capacité d’innovation. Les fusions ne doivent pas suivre une logique purement financière, mais s’inscrire dans une stratégie de défense de nos intérêts industriels, pour mettre en commun les investissements en recherche et développement, partager les coûts de la transition technologique et maintenir une forte production sur le territoire européen.
( traduction)