Billet d’Humeur: Trump comme Le Pen ? Les erreurs à éviter.

Denis Franceskin

Trump comme Le Pen ? Les erreurs à éviter.

J’entends, ici et là, des patriotes français qui font de Trump la copie conforme de Marine Le Pen et du Front National. On l’entend parler d’immigration… et on pense à notre immigration. Il parle de clandestins, on pense à Calais. Il parle d’Obama, on pense à Hollande. Il parle de religion, on pense à nos clochers (souillés par ces gourgandines de Femen). Il balade et envoie balader les journalistes puis on imagine Pujadas ou Elkrief se faire remettre à leur place. Il parle de Vladimir en bien, ça change, et on irait presque boire un verre de Vodka à leur santé. Il se présente comme l’anti-Hillary (son témoin de mariage), on le croit, et puis nous aussi on n’en veut plus des Clinton et des Bush ! Millionnaire depuis sa naissance on ne lui dit jamais non… mais on peut l’appeler Donald, il est cool. Alors les classes populaires qui travaillent (mais qui triment) voient en lui un espoir de tout changer. Après tout il est milliardaire, il a des tas d’immeubles sur New York, il doit bien savoir ce qu’il fait, non ?

Sauf que New York n’est pas Paris… Comparaison n’est pas Raison. Comprendre le système politique des USA, c’est justement ne pas le comparer à celui de la France. Déjà, entre les états américains on trouve des disparités énormes (niveau scolaire, culturel, économique, religieux, social etc.). Un immigré aux Etats-Unis c’est un type qui ne peut pas vivre longtemps au crochet du système sans travailler. Et un immigré dans le New Jersey n’est absolument pas perçu de la même façon qu’au Texas ou en Floride. Prudence donc. Quand Donald parle d’immigrés, n’y voyez pas une racaille, anti France, insolente et parasite qui insulte votre fille dans le bus.

Donald lance des missiles sur la bien-pensance. Ça fait du bien, c’est entendu. Mais peut-on parler de programme quand il propose de construire un mur entre les Etats-Unis et le Mexique ? Marine Lepen a un programme national solide, pas Trump. Obama fut le seul qui imposa la couverture sociale pour tous. On l’oublie souvent, qu’en France, on peut se soigner sans s’endetter. Aux « States », ce n’est pas le cas. Comment Trump qui, par son politiquement incorrect, attire les classes moyennes pourra s’attaquer à l’Obama Care sans vague ? Impossible! Les riches (comme lui) s’en moquent, et les pauvres (qui votent Démocrates) reçoivent des aides.

Quant à la politique internationale … c’est la grande inconnue. Trump ne veut pas être le « gendarme du monde ». Il n’est pas vraiment hostile à Putin. Il sait bien que l’Europe agonise… Ça va dans notre sens. Mais s’il est sincère il devra mettre au pas le complexe Militaro-Industriel et les Faucons de Washington, assumer l’échec de l’Irak, l’absurdité et l’impasse des guerres préventives au Moyen Orient, repenser les relations avec la Chine, la Russie, Israël, l’Iran, la Syrie…

Ce que je constate pourtant c’est ce mouvement souterrain, cet appel irrésistible des petites gens, ce cri du cœur d’un peuple malmené et souvent humilié. De New York à Calais quelque chose se passe… Les journalistes, hautains et complices, n’en parlent pas, ils sourient. Mais les résultats de 20h approchent…